Le gouvernement vient de promulguer une loi relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l'action publique locale, dite loi « 3DS ». Voici les principales mesures juridiques, sociales et fiscales qu’il faut retenir.
Loi 3DS : les mesures juridiques
Afin d’accroitre la proximité des services publics locaux et d’adapter leurs actions aux spécificités des territoires, la loi met en place diverses dispositions concernant notamment :
- la vie des affaires locales : dérogation possible, toutes conditions remplies, aux règles sur l’encadrement des jours et des heures d’ouverture au public de certains établissements commerciaux ; modification de la procédure de délivrance des autorisations d’exploitations commerciales dans les territoires ayant signé une convention d’opération de revitalisation de territoire ; extension des cas et modalités d’intervention des commissaires aux comptes dans le cadre des contrôles des entreprises publiques locales, etc. ;
- l’urbanisme : délimitation de secteurs dans lesquels l’implantation d’éoliennes est soumise à conditions dans un plan local d’urbanisme ; possibilité de déroger à ce même plan pour les projets contribuant à la revitalisation du territoire ; transformation des zones déjà urbanisées et lutte contre la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers, etc. ;
- les associations : favoriser et faciliter les dons de biens mobiliers par les collectivités territoriales (notamment pour les associations reconnues d’utilité publique), possibilité de mise à disposition de fonctionnaires de l’Etat (expérimentation) ;
- le secteur médical et les vétérinaires : les professionnels de santé qui exercent au sein des centres de santé gérés par les collectivités territoriales ou leurs groupements peuvent être des agents de ces collectivités ou groupements ; fin du critère de zonage géographique dans l’attribution des aides pour les vétérinaires qui contribuent à la protection de la santé publique et qui assurent la continuité et la permanence des soins aux animaux d’élevage ;
- les mesures diverses : accès aux données acquises par les services numériques d’assistance au déplacement (aide à la navigation, etc.) par les autorités organisatrices de la mobilité ; création possible d’infrastructures de recharge pour les véhicules électriques par les communes lorsqu’elles n’en n’ont pas suffisamment ; subvention pour les entreprises exploitant des salles de cinéma faisant moins de 7 500 entrées par semaines ou labellisées art et essai, etc.
De plus, certaines dispositions intéressent spécifiquement le secteur de l’immobilier et prévoient des aménagements concernant :
- les logements sociaux : autorisation de la sous-location et de la location ; modulation permise des hausses de loyer ; interdiction de vendre des logements sociaux dans les communes faisant l’objet d’un arrêté de carence sauf au bénéfice d’un autre organisme HLM ;
- le droit de préemption : délégation du droit de préemption urbain aux organismes de foncier solidaire (OFS) ; un porteur de projet d’intérêt général peut faire jouer un droit de préemption et passer en priorité sur celui du locataire commercial, etc. ;
- l’encadrement des loyers : le dispositif expérimentant l’encadrement des loyers créé par la loi Elan durera 8 ans au lieu des 5 initialement prévus ; le montant de la somme des loyers perçus des colocataires ne peut être supérieur au montant du loyer encadré, etc. ;
- les chemins ruraux : autorisation d’échange de terrains comportant des chemins ruraux ; la contribution en cas de dégradation d’un chemin rural est désormais due dans tous les cas, quelle que soit la cause de la dégradation ;
- les mesures en cas de négligence ou abandon d’un bien par son propriétaire : réduction du délai de mise en œuvre de la procédure d’acquisition d’un bien sans maitre qui peut être déclenchée après un abandon de 10 ans (au lieu de 30 auparavant) ; le droit de priorité offert aux locataires professionnels lors de la mise en vente d’un meublé de tourisme peut être cédé gratuitement à d’autres organismes (exploitants de résidence de tourisme, établissements publics, etc.), etc. ;
- des mesures diverses : ajout de mentions obligatoires dans les annonces de mise en location de certains logements ; en raison de la crise sanitaire, les copropriétés ont désormais 6 ans pour se mettre en conformité avec les mesures contenues dans leur règlement (au lieu de 3 ans) ; le versement d’une avance sur indemnité d’expropriation ou d’éviction est étendue à tous les locataires, etc.
Loi 3DS : les mesures fiscales
Actuellement, les particuliers peuvent être exonérés d’impôt sur les plus-values, toutes conditions par ailleurs remplies, pour les ventes de biens immobiliers réalisées au profit d’organismes en charge du logement social jusqu’au 31 décembre 2022.
Depuis le 1er janvier 2022, s’ajoutent à la liste des organismes de logement social visés (organismes HLM, Association foncière logement, etc.) les organismes de foncier solidaire.
Loi 3DS : les mesures sociales
Enfin, la loi apporte également des modifications sur le plan social. Parmi ces mesures on peut notamment citer :
- la modification des modalités d’accueil en établissement ou service d'aide par le travail (ESAT), mais également des modalités de passage, pour les travailleurs handicapés, des ESAT vers le milieu ordinaire ;
- une précision sur la qualité de travailleur handicapé ;
- une prolongation, jusqu’au 31 décembre 2023, de l’expérimentation permettant aux entreprises utilisatrices de faire travailler une personne en situation de handicap sans avoir à justifier d’un motif de recours (ex : accroissement temporaire de son activité) ;
- la création d’un apprentissage transfrontalier et la mise en place de la réglementation qui lui est applicable.
Source : Loi n° 2022-217 du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l'action publique locale
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